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Soupe à l’oignon traditionnelle gratinée revisitée au 19ème siècle
Soupe à l’oignon traditionnelle gratinée revisitée au 19ᵉ siècle
À l’origine, la soupe à l’oignon était préparée simplement avec de l’eau, sans bouillon. Le bouillon d’os léger est une adaptation plus récente pour enrichir le goût. Le gratin au fromage et les croûtons sont quant à eux devenus caractéristiques au XIXᵉ siècle, notamment dans les cafés parisiens, donnant à la soupe son aspect convivial et généreux que l’on connaît aujourd’hui.
Soupe à l’oignon gratinée – De la soupe des pauvres à la gratinée des Halles
La soupe à l’oignon est aujourd’hui un grand classique de la cuisine française. Qu’elle soit gratinée ou non, elle fond dans la bouche, réchauffe le cœur et réveille les papilles. Mais derrière sa générosité et sa simplicité se cache une histoire longue, populaire, et pleine de rebondissements.
Une soupe pauvre, mais précieuse
Dès l’Antiquité, la soupe à l’oignon est connue. Chez les Romains déjà, ce plat à base d’oignons cuits dans de l’eau chaude passait pour un aliment modeste, bon pour les gens du peuple. Cette réputation de “soupe des pauvres” lui est restée pendant des siècles. Et pour cause : l’oignon est facile à cultiver, se conserve longtemps, et donne du goût même au plus maigre des bouillons.
Traditionnellement, on le faisait mijoter dans de l’eau avec un peu de sel, sans viande ni garniture. Pas de bouillon, pas de fromage, pas même de pain : simplement l’essence du légume, adoucie par la cuisson lente.
La “soupe d’ivrognes” : un remède de fin de nuit
Au fil du temps, la soupe à l’oignon devient le remède des lendemains difficiles. À Paris comme ailleurs, elle est servie tard dans la nuit ou tôt le matin aux fêtards, aux marchands des halles, aux ouvriers de retour du travail. On l’appelle alors “la soupe d’ivrognes”, censée chasser les effets de l’alcool, calmer l’estomac et masquer l’haleine.
Certes, l’oignon ne laisse pas un parfum discret, mais il a ce don de réconfort immédiat, comme un bouillon chaud pour le corps et l’âme.
Une légende royale et une vérité lorraine
Comme souvent en cuisine française, une légende tente d’enrober ce plat modeste d’un vernis aristocratique. On raconte que le roi Louis XV, lors d’une nuit de chasse, affamé et sans cuisinier, aurait improvisé une soupe avec ce qu’il avait sous la main : oignons, beurre et champagne. Une anecdote charmante… mais peu plausible, sauf à croire que le roi s’adonnait aux fourneaux.
Une version plus crédible, rapportée par Alexandre Dumas, met en scène Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine et beau-père de Louis XV. Ce dernier aurait goûté une soupe à l’oignon dans une auberge champenoise et, séduit par sa saveur, aurait demandé à apprendre à la reproduire. Il l’aurait ensuite popularisée à la cour de Versailles.
La révolution du XIXᵉ siècle : le gratin et le bouillon
Ce n’est pourtant qu’au XIXᵉ siècle, dans le tumulte de Paris et de ses Halles, que la soupe à l’oignon entre dans sa forme moderne et gourmande.
Dans les cafés et brasseries, on enrichit la recette traditionnelle :
– L’eau est remplacée par un bouillon d’os léger, issu de carcasses de bœuf, plus nourrissant.
– On y ajoute des croûtons de pain rassis, grillés et parfois frottés à l’ail.
– Le tout est recouvert de fromage râpé, souvent du gruyère ou du comté, puis passé sous le gril.
C’est ainsi qu’est née la fameuse “Gratinée des Halles”, servie jour et nuit aux travailleurs comme aux noceurs. Un plat généreux, revigorant, populaire, devenu emblème de la gastronomie urbaine.
Héritage vivant et tradition française
Aujourd’hui, la soupe à l’oignon gratinée incarne une cuisine de tradition et de partage. Elle traverse les siècles, s’adapte aux goûts : certains y ajoutent du vin blanc, d’autres du porto, des oignons rouges caramélisés, ou même une touche de truffe.
Mais qu’elle soit rustique ou raffinée, elle reste fidèle à sa vocation première : rassasier, réconforter, rassembler.
Soupe à l’oignon traditionnelle gratinée
Ingrédients
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1 kg d’oignons jaunes, finement émincés
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50 g de graisse de porc (ou de beurre clarifié)
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1,5 litre de bouillon d’os léger (fait maison, simple et clair)
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1 bouquet garni (thym, laurier, persil)
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Sel et poivre noir du moulin
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Tranches de pain de campagne (pour faire les croûtons)
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150 à 200 g de fromage râpé (gruyère, comté, ou beaufort traditionnel)
Préparation
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Faire fondre la graisse dans une casserole.
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Ajouter les oignons émincés et les faire revenir doucement à feu doux jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés, translucides et légèrement caramélisés (30-40 minutes).
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Ajouter le bouquet garni, saler, poivrer.
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Verser le bouillon d’os léger chaud, porter à ébullition, puis réduire le feu et laisser mijoter doucement 45 minutes à 1 heure.
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Retirer le bouquet garni.
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Préchauffer le four en mode grill.
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Répartir la soupe dans des bols allant au four.
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Déposer sur chaque bol une ou deux tranches de pain grillé (croûtons) et recouvrir généreusement de fromage râpé.
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Passer sous le grill du four jusqu’à ce que le fromage soit bien fondu, doré et gratiné.
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Servir immédiatement.
Vous pouvez aussi réaliser une de ces variantes à votre goût.
Variantes célèbres de la soupe à l’oignon
1. Soupe à l’oignon classique parisienne
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Utilise du bouillon de bœuf riche et foncé pour plus de profondeur.
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Souvent gratinée avec du gruyère râpé et servie dans une tasse ou un bol à oreilles.
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Les croûtons sont généralement plus épais et parfois imbibés de beurre avant le passage au grill.
2. Soupe à l’oignon à la lyonnaise
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Prépare les oignons avec beaucoup de beurre, souvent jusqu’à ce qu’ils soient très caramélisés, presque confits.
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Parfois un soupçon de vin blanc sec est ajouté pendant la cuisson pour relever la saveur.
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Le gratin peut mélanger gruyère et emmental.
3. Soupe à l’oignon avec vin blanc
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Pendant la cuisson des oignons, un peu de vin blanc sec (comme un Bourgogne aligoté) est ajouté pour déglacer la casserole.
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Donne une légère acidité et une complexité supplémentaire au goût.
4. Soupe à l’oignon gratinée au comté
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Variante populaire dans l’est de la France (Franche-Comté), utilisant du comté à la place du gruyère pour le gratin, ce qui apporte un goût plus fruité et noisette.
5. Soupe à l’oignon sans gratin
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Tradition plus ancienne ou simplifiée, souvent servie juste avec des oignons confits dans l’eau ou un bouillon léger, sans fromage ni croûtons.
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Plus proche des recettes paysannes d’avant le XIXᵉ siècle.
6. Soupe à l’oignon au champagne
Origine : Variante festive, souvent servie en entrée lors de repas de fête ou dans certains restaurants gastronomiques.
Caractéristiques :
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Utilise du champagne brut (ou crémant) à la place du vin blanc ou du bouillon.
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Apporte une note vive, légèrement acidulée et élégante à la soupe.
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Peut être gratinée comme la version classique ou servie claire pour laisser le champagne s’exprimer.
Astuce : Le champagne est ajouté après avoir fait revenir les oignons, pour déglacer, puis complété éventuellement avec un bouillon léger. On l’utilise en quantité modérée pour ne pas dominer le goût.
7. Soupe à l’oignon au vin blanc sec
Origine : Courante en Bourgogne, Alsace ou Savoie, régions productrices de bons vins blancs secs.
Caractéristiques :
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Un vin blanc sec (comme un Bourgogne aligoté, Sylvaner, Riesling sec ou Jacquère) est ajouté pendant ou après la caramélisation des oignons.
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Le vin déglace la casserole, décolle les sucs, et enrichit l’aromatique de la soupe.
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Peut être combiné avec un bouillon d’os léger pour équilibrer.
Remarque : Cette version reste rustique mais gagne en finesse, tout en conservant l’âme de la soupe paysanne.